Corps, normes, santé (CORNOR)

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Le corps est à la fois le substrat de la personne et son point d’ancrage au sein d’un groupe social.  C’est par leur corps que les individus se reconnaissent, s’identifient, sont affiliés à une appartenance culturelle, à une population, à un âge, un sexe ou une ethnie. Le corps n’est pas que l’enveloppe extérieure des individus. Il est en même temps un « corps propre » autrement dit une chair qui s’éprouve à travers des sensations et des affects. Le corps possède un recto et un verso, un versant intime et un versant extérieur. Nous avons un corps qui se voit et un corps qui se vit. Les atteintes au corps perçu retentissent sur l’expérience intime du corps vécu. C’est ainsi que la sénescence est un phénomène physiologique objectif et mesurable, alors que la vieillesse est une notion complexe qui intègre – outre la sénescence-  l’expérience propre du corps, le regard des autres, les représentations sociales.

Les recherches de l’équipe 2 « Corps, normes, santé » ont en commun d’aborder le corps selon son double versant :  d’une part, en tant que « corps-objet » et d’autre part, en tant que « corps-sujet ». Le corps vulnérable, douloureux, vieilli, handicapé, épidémique est admis dans un espace de soin, pris en charge par des personnels de santé au sein d’institutions dont il devient dépendant.

Le corps peut lui-même y devenir un élément de traitement, être perçu comme un biomatériau, à travers les pratiques du prélèvement de sang, de tissus, de cellules hématopoïétiques ou d’organes. Le corps souffrant est soigné aux moyens des ressources du corps d’autrui. C’est le cas de la transplantions d’organes, de la greffe cellulaire ou de la transfusion sanguine. En ce cas, le corps n’est plus seulement le réceptacle des traitements ;  il devient lui-même un moyen de traitement à disposition de corps défaillants. L’essor grandissant de la « biomédecine » modifie les représentations du corps et appelle une réflexion anthropologique et philosophique qui inclut aussi le corps-sujet.

En établissement de santé comme en Ehpad, les pratiques d’intervention sur le corps humain sont soumises à des normes juridiques, professionnelles et éthiques. Ces normes posent des limites aux atteintes à l’intimité et à l’intégrité du corps. En cas de décès, d’autres normes se déploient, en d’autres espaces pour protéger le défunt, étant entendu que le respect du corps ne disparait pas avec la mort. Ainsi, un devoir de décence s’impose lorsque la personne a fait don de son corps à la science.

La pandémie de SARS-CoV-2 a fait également apparaitre des invariants culturels dans l’attachement des proches au respect dû au corps des défunts. Là encore l’approche du corps-objet est indissociable de la prise en compte du corps-sujet. L’approche médicale ou odontologique du corps doit être complétée par une approche en anthropologie et en sciences humaines et sociales.

Axes de recherche

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