Les recherches portant sur l’estimation de l’âge des immatures sont l’un des marqueurs identitaires forts de notre équipe, et lui confèrent une reconnaissance internationale depuis près de 20 ans. En contexte médico-légal, l’enjeu est de fiabiliser la prise de décision de la Justice pour qualifier un crime ou un homicide (atteinte de l’âge de viabilité fœtale, fœticide ou néonaticide, justification étayée du choix d’une méthode plutôt qu’une autre). En contexte archéo-thanatologique, l’enjeu est de comprendre et interpréter des modes d’inhumation ou des choix de lieux d’inhumation selon les catégories d’âge, et de pouvoir discuter des aspects socio-culturels des rites funéraires dépendants de l’âge.
Projets
En tant que « science forensique », l’anthropologie médico-légale se doit de répondre à des contraintes méthodologiques strictes au regard des enjeux des conclusions posées. La fiabilisation des chaines de traitements analytiques des dépouilles (squelettisées ou pas) qui conduit à l’estimation de profil biologique présentée devant une cour de justice en fait partie, et une approche interdisciplinaire intégrant les avancées récentes dans le domaine de l’Intelligence Artificielle et du machine learning est en mesure d’apporter des avancées significatives.
Le Collège Interdisciplinaire de Balistique Lésionnelle « CIBLé » regroupe des scientifiques, médecins, et experts judiciaires de la police et de la gendarmerie dans le but d’étudier les traumatismes corporels liés aux impacts balistiques. Plusieurs membres de notre équipe y sont impliqués et collaborent à des études de cas « historiques », tout autant qu’à des expertises de cas judiciaires actuels. Un atlas photographique et une base de données sont en cours de création, et des workshops annuels sont organisés au décours des manifestations scientifiques nationales et internationales (journées de la société française de médecine légale, symposium de la FASE). Un ouvrage de synthèse est en préparation pour publication à l’horizon 2027.
Intéressant l’ensemble de la profondeur historique explorée par notre équipe, la caractérisation des traumatismes osseux est une question centrale dans l’étude des restes squelettiques d’un individu.
L’enjeu de ce projet, initié en 2021, est de caractériser les apports respectifs des techniques d’imagerie médicale (Scan TDM, IRM) et des acquisitions 3D surfaciques (scanner laser ou à lumière structurée, photogrammétrie) dans la lecture des VAB.
Ce projet de recherche prévu à se déployer sur 4 ans, porté par E. Anstett et prenant appui sur une collaboration avec la Pr. S. Garibian (Université de Genève, Suisse) et la Forensic Division du CICR est en cours de préparation afin d’être déposé pour une bourse ERC-Advanced. Il propose une approche pluridisciplinaire des problématiques (techniques, légales, éthiques et culturelles) engendrées par la prise en charge des restes humains extrêmement fragmentés et non identifiables, notamment dans les situations de catastrophes, de guerre ou de crimes de masse.
L’objectif est de proposer des études paléopathologiques de collections (ou des expertises de potentialités de l’approche sanitaire des populations du passé) pour des comparaisons entre plusieurs contextes ou encore pour renseigner le recrutement funéraire.
Les principes et méthodes de l’archéothanatologie font désormais consensus pour une approche et une compréhension optimisée des contextes funéraires et mortuaires, tant pour les sociétés passées que les contextes actuels. Néanmoins, on constate parfois un défaut de transmission et de formation concernant ces principes, voire une réelle méconnaissance, de la part des acteurs de l’archéologie. Cela peut entrainer une mauvaise approche sur le terrain, et aller jusqu’à la non- reconnaissance des structures et des gestes, qui entraine alors une perte de données primaires irrémédiable, équivalente à la destruction pure et simple des sites.