En tant que « science forensique », l’anthropologie médico-légale se doit de répondre à des contraintes méthodologiques strictes au regard des enjeux des conclusions posées. La fiabilisation des chaines de traitements analytiques des dépouilles (squelettisées ou pas) qui conduit à l’estimation de profil biologique présentée devant une cour de justice en fait partie, et une approche interdisciplinaire intégrant les avancées récentes dans le domaine de l’Intelligence Artificielle et du machine learning est en mesure d’apporter des avancées significatives.
Ce projet se construit en collaboration avec l’Institut d’Etablissement LAENNEC (Sciences Numériques et Intelligence Artificielle pour la Santé) et le LIS UMR 7020 (Laboratoire d’Informatique et des Systèmes). L’enjeu pour notre discipline est absolument stratégique. Tout comme la médecine, qui a longtemps été un « art », est aujourd’hui bouleversée par la Data Science, l’analyse de données et l’IA ont vocation à transformer le monde de l’expertise judiciaire basée sur l’analyse de données biologiques. L’objectif de ce projet consiste donc à améliorer les estimations de profil biologique via des méthodes statistiques robustes et des algorithmes de machine learning (qui ont déjà fait leurs preuves dans l’industrie de haute technologie), et à mettre au point un « indicateur global de validité » de l’estimation présentée lors du dépôt de l’expert devant une cour de justice. Une thèse inter écoles doctorales vient de débuter sur ce sujet (octobre 2023) et un projet d’ERC est en cours de préparation (dépôt prévu en 2024). La « Forensic Anthropology Society of Europe – FASE » a récemment publié un statement pour promouvoir des recherches élevant l’anthropologie forensique au rang d’identifiant « primaire » aux yeux des cours de justice internationales, et à ce titre elle a accepté d’être partenaire de ce projet et du dépôt d’ERC envisagé.