Intégration des archives de l’environnement : en premier lieu sur la peste

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L’horizon de compréhension du phénomène épidémique s’élargira également par la prise en compte des données des sols appréhendés comme réservoirs environnementaux de pathogènes et de leurs vecteurs. L’équipe se veut pionnière dans ce type de démarche qui est encore à la marge des approches scientifiques alors que les sols sont indéniablement des foyers épidémiques importants par leur conservation de la trace de bactéries durant de très nombreuses années. Le défi à relever à travers cette approche interdisciplinaire est de faire le lien entre environnement – pathogènes – vecteurs – hôtes et ce, notamment (mais pas exclusivement) à travers l’étude comparée des trois grandes pandémies pesteuses. Le travail comparatif sur des épidémies anciennes et récentes est donc appelé à se reconfigurer autour du triptyque Population-Environnement- Santé.
C’est donc, en définitive, des données de plusieurs ordres que l’équipe va croiser en vue de produire de nouvelles connaissances à partir d’une lecture simultanée (autant que possible) des archives historiques (documentation publique ou privée contemporaine de l’épidémie ou de la crise démographique associée), des archives biologiques (squelettes exhumés, génomes des complexes hôtes/pathogènes), mais aussi des archives environnementales.

Une politique d’ouverture vers d’autres unités de recherche

Les travaux porteront en premier lieu sur la peste, avec un volet dédié à l’étude du patrimoine génétique des victimes de peste du passé. Il s’agira ensuite de poursuivre l’identification des souches de la bactérie Yersinia afin de mettre en évidence l’histoire évolutive de ce pathogène. Ces travaux qui ont déjà donné lieu à plusieurs communications et publications internationales se poursuivront dans le cadre de collaborations avec des unités de recherche d’Aix Marseille Université mais aussi de structures implantées sur d’autres pôles scientifiques tant nationaux qu’internationaux. Les recherches interdisciplinaires et globales sur les épidémies porteront sur toutes les populations en situations sanitaires difficiles : populations civiles (victimes de catastrophes naturelles, déplacées à cause des conflits, assiégées…), populations militaires (vivants souvent en situation de précarité et étant porteur ou vecteur de pathogènes). En parallèle de la mise en évidence des pathogènes responsables d’évènements de mortalité « anormales », certains traits anatomiques (tout particulièrement les caractères discrets) seront analysés sur les populations comme éventuels indicateurs de stress, en lien avec une pression environnementale, ou comme potentiels indicateurs de liens génétiques. Enfin, une synthèse des paramètres biologiques sera opérée sur l’ensemble des défunts afin d’appréhender qui sont les victimes de ces crises (groupes d’âges, sexes, catégories socio-professionnelles…).

En résumé, dans le contrat à venir, les chercheurs en archéo-anthropologie et en anthropologie biologique ont pour ambition de décloisonner l’étude des crises sanitaires et d’évoluer vers une approche croisée sur le corps épidémique en s’associant les compétences disciplinaires des membres de l’équipe « Corps, Normes, Santé » (droit, philosophie, médecine, odontologie). La réalisation d’ouvrages collectifs portant résolument un regard transdisciplinaire, en 2021 et 2022, autour des épidémies reflètent le volontarisme et la fécondité de cette stratégie d’ouverture scientifique. De plus, l’axe « population, environnement, santé en temps de crise » se structurera autour d’un quadruple objectif, à la fois fondamental (par exemple la connaissance de l’état sanitaire d’une population), méthodologique (par exemple le défi de l’étude des sols et de l’ADN environnemental en contexte de santé publique), éthique (par exemple respecter le plus possible l’intégrité des restes humains) et patrimoniaux (par exemple éviter autant que faire se peut les prélèvements destructeurs et gérer leur devenir).
C’est donc à plus d’un titre que la mise en œuvre du projet scientifique de cet axe prendra en compte et développera les collaborations internes à l’équipe « Corps, Normes, Santé ».
 

Équipe de rattachement

Type de financement

Autre

Montant total

392 000 euros