Biothérapies et géographie du polymorphisme immunogène : le cas des « sangs rares »

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La sécurité immunologique des transfusions repose entre autres sur la compatibilité des groupes sanguins érythrocytaires. Il existe aujourd’hui près de 380 antigènes différents répartis dans 44 systèmes. Plus de la moitié d’entre eux sont considérés comme rares c’est-à-dire que leur fréquence dans la population générale est inférieure à 4/1000. Parmi eux, certains sont rares dans toutes les populations (« Rhesus » nul), d’autres, bien que rares, sont exclusifs de certaines populations (RH :-46), d’autres enfin, sont rares voire inexistant dans certaines populations et fréquents et exclusifs dans d’autres (Duffy nul en Afrique). Ces deux derniers éléments rappellent la notion de géographie des groupes sanguins dont la répartition préférentielle est le fait des forces évolutives déjà abordées dans un projet précédent.


Compte tenu de ces éléments, on peut donc concevoir qu’une population porteuse de spécificités érythrocytaires qui migrent dans une population d’accueil où ces spécificités sont inexistantes et que cette population en mouvement ne donne pas de sang pour des raisons culturelles par exemple puisse être exposée à un risque de blocage transfusionnel par manque de produits sanguins compatibles. Si toutes les populations sont exposées à cette problématique en contexte de globalisation, les populations africaines, en raison de leur niveau de diversité génétique et de la fréquence importante de pathologie faisant appel à la transfusion comme la drépanocytose sont plus en danger que les autres.


Aussi, la disponibilité de ces produits est un véritable enjeu de santé publique, démographique et éthique. Il convient, pour la transfusion mais aussi pour les biothérapies immunogènes, de trouver l’identique pour tous quels que soient son origine et son parcours migratoire.


En réponse à cette problématique médicale, qui est de transfuser tout le monde en respectant les règles de compatibilité, l’EFS a mis en œuvre une filière dédiée aux sangs rares et en particulier ceux d’ancestralité africaine qui repose notamment sur l’utilisation des SHS, au sein d’une structure dénommée
« EFS Social Lab » afin d’élaborer la stratégie d’intégration de cette diversité bio-culturelle dans son dispositif de collecte de sang et de délivrance de produits sanguins.

C’est en lien avec cet « EFS Social Lab » qui s’appuie sur des unités de recherches académiques, dont ADES, que s’inscrit notre projet, porté par Stéphane Mazières (PhD, HDR, CR CNRS), Laurine Laget (PharmD, PhD, EFS), Caroline Izard (PharmD, PhD, EFS) et Jacques Chiaroni (PUPH, MD, PhD, HDR), qui comprend plusieurs volets :

  • Description des polymorphismes érythrocytaires selon une approche populationnelle afin de bien identifier les populations exposées à un blocage transfusionnel et qui doivent faire l’objet de communication adaptée
  • Identifier pour ces populations les déterminants culturels au don de sang (voire de produits thérapeutiques issus du corps humain pour traiter « l’Autre » (cellules souches, don d’organe, cornée etc…) afin d’élaborer une stratégie de sensibilisation et de fidélisation adaptée. Au sein de l’unité, ce volet s’appuie sur une collaboration inter-équipe forte avec l’équipe « corps, normes et santé » dont l’approche socio anthropologique du « corps médicament » apportera un éclairage à cette problématique biomédicale
     

Type de financement

Autre