Retour sur le colloque "Ethique, sport et handicap"

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C’est en prĂ©sence d’une assistance nombreuse (plus de 100 personnes) que le colloque « Ethique, sport et handicap Â» s’est tenu Ă  l’amphithéâtre Toga de la FacultĂ© de mĂ©decine de Marseille le 12 avril dernier. Cet Ă©vènement a rĂ©uni des universitaires, des chercheurs et des personnes en situation de handicap. 

Les trois notions-clĂ©s qui structurent l’équipe « Corps, normes, santĂ© Â» ont Ă©tĂ© revisitĂ©es Ă  travers le prisme du handicap. Le sport et l’activitĂ© physique ont tissĂ© le fil conducteur des trois tables rondes de la journĂ©e, en Ă©cho avec la tenue des jeux olympiques et paralympiques Ă  Paris en 2024. 

Dans sa confĂ©rence inaugurale, le Professeur Alain Yelnik, membre de l’AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine a interrogĂ© les sources de la notion de « situation de handicap Â». L’intĂ©rĂŞt pour les personnes concernĂ©es par l’usage de cette notion ne parait pas dĂ©montrĂ©. En effet, l’idĂ©e de « situation Â» accolĂ©e Ă  celle de « handicap Â» fige tout autant les personnes dans leur handicap que l’expression « personne handicapĂ©e Â». Le Pr. Yelnik estime que le concept de « handicap de situation Â» aurait sans doute plus de pertinence dans la mesure oĂą il laisse entendre que des individus peuvent ĂŞtre handicapĂ©s de façon circonstancielle. Par le concept de « handicap de situation Â», le handicap est dĂ©tachĂ© des personnes puisqu’il ne se manifeste que dans certaines situations de leur parcours de vie (la grossesse, un accident, etc.). 

Le colloque a aussi permis d’entendre des sportifs de haut niveau ayant dĂ©jĂ  obtenu des mĂ©dailles (dont certaines aux jeux olympiques d’hiver). Ces athlètes ont tĂ©moignĂ© de leur expĂ©rience propre de la norme. Ils s’affranchissent des stĂ©rĂ©otypes sociaux fondĂ©s sur l’opposition « valide/handicapĂ© Â» en se fixant eux-mĂŞmes des normes et des objectifs. Le handisport redistribue les cartes normatives en permettant la rĂ©alisation de prouesses inaccessibles Ă  la grande majoritĂ© des valides. Par la rĂ©alisation de performances hors-normes, le compĂ©titeur surmonte son handicap et brouille les reprĂ©sentations sociales usuelles. L’énergie qu’il met dans sa pratique vĂ©hicule une image positive et dynamique du handicap, Ă  rebours des perceptions ambiantes. 

Sur un plan Ă©thique, la pratique du sport pose la question de son accès Ă  tous, y compris aux personnes qui vivent avec un handicap cognitif ou mental. Il s’agit pour les professionnels de l’accompagnement d’encourager sans inciter Ă  la pratique du sport. 

Mais il n’est pas nĂ©cessaire d’être un grand sportif pour pratiquer un sport, et les bĂ©nĂ©fices de l’activitĂ© physique peuvent s’obtenir par la culture et le loisir. Par l’art et notamment la danse, les mouvements non coordonnĂ©es de certains handicapĂ©s peuvent ĂŞtre intĂ©grĂ©s et synchronisĂ©s dans une configuration esthĂ©tique, comme l’a   thĂ©orisĂ© et illustrĂ© la professeure de danse CĂ©cile Martinez. 

Au cours de cette journĂ©e, le handicap et le sport se sont rĂ©vĂ©lĂ©s ĂŞtre des portes d’entrĂ©e judicieuses pour pĂ©nĂ©trer dans la problĂ©matique « Corps, Normes, santĂ© Â» Ă©tudiĂ©e par l’UMR ADES. Ce colloque de haut niveau, unanimement apprĂ©ciĂ© par les participants et les reprĂ©sentants d’AMU, ouvre de nouvelles perspectives de recherche et de partenariat, entre autres avec le laboratoire HIRE du Professeur Denis Bertin, prĂ©sent lors de cette importante manifestation. 

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